18 juillet 2022

CLEDEN | LE PORT ABRI DE BREZELLEC


Un décor de carte postale à la belle saison, une toute autre ambiance lors des tempêtes… (Rodolphe Pochet) lLE TELEGRAMME


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Tout l’été, la rédaction vous emmène dans ces petits ports qui font le charme de la Cornouaille. Après La Forêt-Fouesnant la semaine dernière, deuxième épisode dans un décor de carte postale. De mai à fin septembre, niché au pied de la pointe du même nom au bout du Cap-Sizun, le port de Brézellec et sa cinquantaine de navires s’animent dans un cadre enchanteur… et risqué.


« Bon d’accord, tu peux parler de Brézellec, tu peux dire que c’est beau mais pas trop, si les gens découvrent le port on va être envahis ». Rencontré fin juin alors qu’il rejoignait l’annexe collective, le Treiz, qui mène les marins à leur navire, l’homme rappelle qu’il tient à la quiétude qui règne sur le port-abri, son petit paradis. La foule aura de toute façon du mal à descendre en masse vers ce lieu. Pour le rejoindre par la terre depuis la pointe de Brézellec, la descente est plutôt abrupte.


Une fois en bas, au pied du vieux treuil de 1926 permettant de hisser jusqu’à 150 kg, se dévoile la cinquantaine de bateaux aujourd’hui au mouillage dans ces eaux émeraude par jour de beau temps. « Nous ressortons les mouillages et les navires en mai pour la saison jusqu’à la fin septembre : on ne laisse rien durant l’hiver, tout pourrait disparaître vu les conditions », souligne Gaby Jaouen, l’ancien président du comité des usagers du port de Brézellec. Le site n’ayant pas de cale, les mises à l’eau se font depuis Pors Théolen, juste à côté, ou de Douarnenez.

La plaisance a remplacé la pêche

Le plaisancier rappelle que ce site en eau profonde située à l’entrée de la baie de Douarnenez est fréquenté de longue date, bien à l’abri des vents d’ouest de par la présence de la longue pointe rocheuse. « Mais quand ça souffle fort du nord ou du nord-est, on risque de finir dans les grottes au fond de la crique », signale en expert Gaby Jaouen, ancien président de la SNSM de Douarnenez.port-abri accueille les bateaux de pêche depuis le XIXe siècle.

Le port-abri accueille les bateaux de pêche depuis le XIXe siècle. La première chaîne accueillant cinq puis douze bouées d’amarrage est fixée au fond en 1877. La pêche déclinera au cours du XXe siècle, et les activités de plaisance prendront peu à peu la place. « Mais nous faisons tous un peu de pêche, car à cet endroit nous sommes directement sur les lieux poissonneux, avec du maquereau (« brézell » en breton), du tacaud, du bar ou du lieu, mais aussi du homard car nous avons le droit à deux casiers », souligne le marin. Même si actuellement, comme en de nombreuses côtes de Cornouaille, c’est le poulpe qui règne en maître dans la partie ouest.


Les loisirs, ce sont aussi les pêcheurs à la ligne et les plongeurs qui profitent des avancées rocheuses pour passer de bons moments. Les plaisanciers, eux, se connaissent tous, « nés sur un canot ». Gaby Jaouen en fera tout le temps partie : « On y tient, à notre petit port ! On le bichonne, on le fait vivre, c’est notre coin à part ».